Vous l’aurez compris en lisant l’essai de la GT86, j’adore cette voiture. Il s’agit d’une des rares voitures modernes qui permettent de s’éclater sensiblement dans les limites qu’imposent la loi. Grâce à des choix de développement réflechis, intelligents et surtout très astucieux, comme en témoigne le choix des pneus, elle s’est avérée être une voiture au ratio plaisir/frustrations très très favorable. Mais aucune voiture n’est parfaite. Il faut du courage aujourd’hui pour développer et sortir un 2 litres atmo. Si certains prennent le temps de critiquer ce moteur perçu comme creux à mi-régime, je lui reprocherais simplement son manque de sonorité et le caractère un peu trop bridé de son échappement, sans jeu de mots pour un coupé sportif japonais.
Il fallait donc trouver une solution. Et quand on veut faire un peu plus de boucan, on regarde du côté de l’échappement.
Le concept
Installer une ligne d’échappement complète ?
Non. Trop simple. Trop chère et pas assez original, évidemment.
Changer le son, oui. Mais sur commande c’est encore mieux ! L’idée m’est venue après avoir découvert le fonctionnement des échappements Sport chez Jaguar, BMW ou encore chez l’échappementier ArmyTrix qui fonctionne avec des systèmes d’électro-valve papillon.
On peut le voir ci-dessus:
Les gaz d’échappements se jettent dans deux Y. Vers l’extérieur, c’est le chemin vers les silencieux, le chemin calme, le chemin « je rentre à 2h du mat’ faites que les voisins ne me jettent pas des seaux d’excréments dessus ». Le chemin intérieur, c’est l’inverse, c’est le chemin ouvert. L’hooliganisme à l’état pur. La liberté. Le jeudi frites et sauce à volonté. Le streaming gratuit à vie.
Mais comment passer d’un mode à l’autre ? Dans ce cas-ci, via les electrovalves situées sur la partie échappement libre. Fermées, elles forcent les gaz d’échappement à passer par les silencieux. Une fois ouvertes, c’est open-bar. Les gaz d’échappement prennent toujours le chemin le plus court. Et c’est toujours plus court de ne pas passer par les silencieux. On peut ici parler d’un échappement semi-libre, d’un semi « muffler-delete » car il y aura toujours un volume résiduel des gaz d’échappement qui passera par les silencieux.
Pour transposer ce projet sur la GT86, ça s’est avéré bien plus compliqué que prévu. Il a donc fallu que je fasse appel à un véritable magicien.
Le mécano
Long time no see. Cela faisait quelques années qu’on ne s’était plus vu depuis qu’il a déménagé près de la frontière française, dans une maison de campagne isolée, pour travailler chez Epoca Ricambi, une carrosserie ayant comme principale mission de restaurer des voitures anciennes.
C’est la première fois que je faisais appel à Julien pour un projet de ce type. Il m’avait été recommandé de toute part. Avant d’être un excellent carrossier, c’est un passionné qui sait où il va et qui consacre chaque minute de temps libre à apprendre.
Ce projet d’échappement s’est avéré être un plan très foireux. Si l’idée, à la base, était simple, l’éxécution a été un enfer. Le projet aurait pu être abandonné au moins quinze fois. Et pourtant, Julien a été jusqu’au bout et le résultat est vraiment au-delà des attentes.
Pour plus d’infos, Julien est joignable à julien@petrolistes.com. Et si vous cherchez quelqu’un pour faire don de votre Datsun 240Z, 260Z ou 280Z à quelqu’un qui saura en prendre le meilleur soin, c’est bien lui.
Le projet
Quand on s’aventure à essayer de créer quelque chose de nouveau, forcément, on s’expose à quelques pépins.
Et ce projet en aura connu un paquet.
Le premier est simple.
Quelle type de valve/soupape acheter ?
Le choix est pléthorique. Après quelques visites sur AliExpress (les prix étant trop élevés sur eBay…), je me suis orienté vers un système électrique de soupape papillon, très similaire à ce qui se trouve ci-dessous.
Les vendeurs laissent généralement le choix entre un commutateur par câble ou sans fil.
J’ai choisi d’aller avec le fil. Probablement plus fiable, évite les emm*rdes d’un changement de pile tous les X temps et permet l’intégration d’un bouton dans l’habitacle (à condition de remplacer le switch) ce qui, d’apparence, fait plus OEM qu’une petite télécommande cheapos planquée dans un vide-poche.
Le kit complet m’a coûté aux alentours de 60€ frais de port depuis la Chine inclus (aucun frais de douanes pour cette fois). Sachant qu’on les propose pour 200$ et plus aux States, pour une qualité pas forcément meilleure, on peut parler de bonne affaire.
Ajouter à cela, l’achat d’une ligne d’échappement catback d’origine (pour toujours rester positif au contrôle technique…), trouvée pour 100€ en Allemagne, et, en terme de pièces, comparé à une ligne d’échappement d’un préparateur, on est toujours bien en-dessous, niveau budget!
Mais une fois la valve reçue, je me rends compte qu’elle est très volumineuse. Ce qui nous mène au second problème.
Où placer la valve ?
L’idée de base était la suivante.
Créer une déviation qui relierait l’arrivée d’échappement au silencieux directement vers la sortie d’échappement gauche. Comme ceci :
Une fois la valve reçue, on s’est rapidement rendu compte que ça n’allait pas être possible…
Le seul endroit qui rend possible l’installation de cette valve, laissant assez d’espace, est de l’autre côté du silencieux, à côté de la sortie d’échappement droite !
On a donc envisager de créer une déviation à l’intérieur du silencieux. Celle-ci ressortirait par la cloison de droite pour ensuite passer par la valve à l’extérieur du silencieux et replonger dans la sortie d’échappement de droite. Si rien qu’évoquer un résumé du projet vous donne déjà la température quant au lot de problèmes qui l’accompagne, vous n’avez pas idée de ce que c’était en vrai.
Bienvenue dans une aventure faite de coupe, découpe, recoupe, disquage, meulage, soudure, meulage, recoupe, coupe, meulage, et bien plus encore… Quelques photos vous permettront de comprendre.
Et voilà le boulot ! Je vous passe l’étape de refermeture et d’hermétisation du silencieux, carrément masochiste et tellement gore à cause de la tôle d’origine de qualité médiocre (qu’il a fallu partiellement remplacer d’ailleurs…) que je ne voudrais pas choquer les âmes les plus sensibles. Pareil pour le câblage, l’étape la plus simple du projet.
Reste encore à réaliser l’intégration du bouton de sélection ouverture/fermeture au bloc de gestion du contrôle de traction et de l’ESC pour un rendu propre mais, déjà là, on a un système qui fontionne à la perfection !
Le résultat
A vous de juger.
Mission accomplie. D’une simple pression d’un switch cette GT86 peut maintenant passer du calme et de la sobriété, qu’on lui reproche d’origine, à l’hooliganisme complet, tout en restant socialement tolérée. Comme les Porsche, comme les Jag’, comme les Ferrar’… Une fonctionnalité facturée 2 456€ sur un Cayman 718, ici réalisée pour moins d’un cinquième du prix.
Je tiens vraiment à remercier Julien pour le boulot incroyable qu’il a fait et pour avoir contribuer à faire de cette GT86 une voiture un peu plus parfaite encore !
Si vous avez des questions sur le projet, n’hésitez en aucun cas à les adresser en commentaire ou par email à contact@petrolistes.com