Février 2021, dans la morosité aussi palpable qu’oppressante de la crise COVID, voici quelque chose qui avait de quoi me réjouir : la sortie en concessions de la nouvelle et très attendue Toyota Yaris GR. Parlant de concession, tout d’abord, merci au garage Vanderheyden Chênée pour l’essai et la disponibilité.
La Yaris GR, c’est un véritable OVNI dans l’univers automobile. Un OVNI qui nous renvoie directement aux séries « homologation specials », ces voitures produites en série ultra limitée en vue d’obtenir l’homologation du modèle pour la compétition. En somme, des voitures de course, homologuées pour la route. C’est le cas de la Ford RS200, de la Lancia Stratos ou encore de la Peugeot 205 T16, par exemple, rien que ça. Tout un pédigrée que la Yaris, dès le premier regard, incarne pleinement.
Premières choses qui frappent quand on jette son regard sur la Yaris GR c’est :
- Sa gueule de face avec cet ouverture de bouclier ultra grande
- Les disques de freins à l’avant de 356mm. En photo ça ne donne rien, mais en vrai c’est ultra impressionnant pour une cacahuète comme ça
- Les passages de roues arrières qui en imposent un max
Esthétiquement, on peut en dire ce qu’on veut, mais il faut reconnaître qu’il fallait une lourde paire de corones pour oser sortir une bagnole pareille ! Elle en impose. Elle est massive, elle est agressive mais n’oublions pas qu’au final, c’est aussi la même voiture que tante Janine. Sauf que tante Janine, elle a pris l’hybride à mon avis.
Au volant
L’intérêt de cet article est de comparer la Yaris GR avec la Toyota GT86 (phase 1). Après l’avoir scrutée dans ces moindres détails, je me place au volant. Et bon, entre nous, ça craint. C’est laid, c’est du plastique, c’est pas sportif pour un balle. Mais entre nous, on s’en fout complètement, parce qu’on achète pas une Yaris GR pour ça.
La position de conduite est plus haute que dans la GT, ce qui n’est pas pour me plaire.
Je touche un peu à tout, tripote au levier de vitesse et… là il faut dire que les engagements sont (encore) plus agréables que dans la GT. Ça « claque », c’est sympa. Mécaniquement, ça dit « solide ».
Trève de contemplation, on est là pour rouler quand même.
J’ai un vendeur à côté de moi mais qui n’est pas du tout contraire et qui d’amblée ne cherche pas à me brider.
On démarre et il ne faut pas 15 mètres pour se rendre compte que, niveau couple, la GT et la GR ne jouent pas dans la même cour. En même temps, il suffit de regarder les specs de chaque bagnole pour comprendre qu’il n’y a même pas de combat : la Yaris, à masse pratiquement équivalente, sort 61 chevaux de plus mais surtout presque le double de couple (205Nm vs 360Nm) et ce, distribué aux 4 roues.
Bref, on se balade un peu, le temps de faire monter la voiture en température car brutaliser une bagnole qui a moins de 100km au compteur me fend déjà le coeur alors autant le faire dans les bonnes conditions.
Et une fois qu’on y est, c’est parti, on peut tarter.
Là, aucun doute, c’est totalement différent de la GT. Ça pousse bien comme il faut, en bas comme en haut, ça colle au pavé, sans jamais surprendre et ça pivote sans effort, c’est efficace. J’oublie vite le caractère plus inertiel du moteur turbo malgré des descentes en régime typiquement plus lentes et la latence à l’accélération tout aussi typique. Quoi qu’il en soit, ce moteur trois cylindres 1.5 est absolument dingue et forme un duo parfait couplé à la boîte méca 6 rapports directe, précise et engageante. Difficile de la prendre en défaut sur sa mécanique.
Mais, tout de même, quelque chose me taquine. Je trouve le comportement un peu flou, pas très précis, et ça m’étonne beaucoup. Le modèle essayé est la version « de base », c’est à dire pas le Hi-Pack avec l’amortissement plus dur et les deux différentiels autobloquants, mais tout de même. Je suis étonné du côté un peu spongieux de la voiture.
Je sors et je me rends compte qu’elle est montée en pneus hiver… ça explique tout et ça biaise un peu l’essai.
Je remonte, je continue l’essai, en enchaînant les petites routes comme les voies rapides. C’est un bonheur de polyvalence et de practicabilité, en prime. Même dans le trafic.
Finalement, il faut très peu de temps pour se rendre compte que, des défauts, cette Yaris GR n’en a pratiquement aucun.
Le moteur est plein, le châssis est dingue, la direction est précise, l’amortissement reste confortable… c’est indéniablement une voiture d’un point de vue mécanique supérieure à la Toyota GT86. Hormis peut-être pour l’échappement, car niveau sonorité, la Yaris arrive à faire pire que la GT quand elles sont toutes deux en ligne d’origine.
Mais curieusement, ma GT me manque un peu. C’est probablement une question d’habitude mais je ne me vois pas la remplacer par la GR.
Elle ne distille pas les mêmes sensations. J’aime conduire, pour pas dire piloter (ça serait prétentieux) et la Yaris met la barre peut-être un poil trop haut que pour pouvoir prendre son pied à 100% en utilisation quotidienne.
Les limites de la GT86 avec la monte d’origine sont directement à portée de main. Au premier virage, au premier rond point, elle fera ce qu’on lui demande et tout ce qu’il faut pour nous mettre la banane, sans jamais surprendre ou tirer la tronche et ce, toujours en-deça des limitations de vitesse.
La Yaris GR distille un autre plaisir, cousin de celui de la GT mais qui passe probablement davantage par l’efficacité et la performance sans pour autant négliger l’implication du pilote et le plaisir que celui-ci peut (ou doit) prendre à son volant. Et c’est là où la Yaris GR fout une claque énorme à la concurrence. Ces AMG45, Golf R, Audi S3, Cupra R… toutes aussi efficaces les unes que les autres mais toutes d’un ennui morbide. La Yaris GR est un Ricciardo, efficace, talentueux ET amusant, là où la une AMG45 est un Verstappen, juste efficace et talentueux. Quoi qu’il en soit, ça demande d’être l’un ou l’autre pour exploiter son potentiel à 110%.
Le hasard faisant bien les choses, je croise dans le showroom un ami étant également là pour l’essayer. Il roule lui aussi depuis des dizaines de miliers de kilomètres en GT et possède une Phase 1 rouge en kit Aero. La différence entre lui et moi, ce jour-là, c’est que lui a signé le bon de commande pour une Yaris GR et moi non ! Mais c’était pas l’envie qui manquait… croyez-moi.