Conchita Wurst, le maquillage pour hommes, Caitlyn Jenner, Vincent McDoom, les toilettes transgenres, les filles qui paient l’addition… Il semblerait que le monde n’ait jamais eu autant de questions sur son identité et n’a de cesse de remettre en question ce qui pour Papa et Maman semblait être invariable.
Tant de questions identitaires et autant d’hypothèses, de réponses que de semblants de solutions… Une problématique, vous l’aurez compris, qui touche aussi très durement le monde de l’automobile et ce, depuis sa naissance.
Qui fait l’homme-voiture ? Qui fait la femme-voiture ? Qui fait les deux ?
Plongeons dans les méandres de l’existentialisme automobile et tranchons sur la question. Le monde a droit à une réponse.
–
Autoanalyse
Cas personnel
Je roule en GT86. Ma Toyota GT86. Au féminin. Une fille. Une jolie fille.
J’ai une Toyota. Une GT86.
Il ne viendrait jamais à l’esprit de quiconque de dire « Wow, il est joli ce Toyota GT86″. Et pourtant, cela s’est déjà entendu, d’une autre façon. Exemple : « J’ai vu un coupé GT86, oufti ».
Deux éléments semblent donc définir le sexe d’une voiture :
- Sa marque
- Son architecture (Berline, Coupé, Crossover,…)
Élargissons maintenant le champ d’analyse et faisons une expérience.
Demandons à ceux qui ont une voiture de chaque sorte ce qu’ils en pensent. Quel déterminant vont-ils utiliser ?
–
Les riches nuls
Les princes du pétrole, pas très pétrolistes, vous diront :
« J’ai douze Lamborghini, j’ai quinze Ferrari, j’ai une Pagani, j’ai un Defender, j’ai une 911 GT3 RS, une 918 Sypder aussi, j’ai un gros problème avec l’opulence, j’ai Q7 en or (?), j’ai une Classe G, en or aussi, j’héberge un Grand-Prix de Formule 1 et j’ai un peuple qui crève la faim. J’ai aussi tous les clubs de foot que tu supportes. Et j’ai aussi Macan (?) en platine »
Leur(s) femme(s) dira(ont) :
« Je n’ai pas le droit de conduire »
Leurs majordomes diront :
« Je rêve d’une A4, d’une classe C ou X3 (?). Ou peut-être d’une Seat Leon, d’une Ford Fiesta ou d’un Sharan. Parce que j’en ai marre de mon vélo. »
Frank Ribery dirait :
« J’ai… j’ai… pas compris »
–
Synthèse et analyse
Féminins :
- Une Pagani, une GT3 RS, une 918 Spyder, une Classe C, une Série 3, une Seat Leon, une Ford Fiesta, une Golf.
Que ce soit une Pagani, une GT3 RS ou une 918 Spyder, c’est une sportive.
Que ce soit une série 3 ou une Classe C, c’est une berline.
Que ce soit une Seat Leon ou une Golf, c’est une familale.
Masculin :
- Un Land Rover Defender
Le Land Rover Defender est un 4X4.
Exceptions qui confirment la règle :
UnSharan,unClasse G
La Sharan est un Monospace.
La Classe G est un 4X4.
Pourtant, il s’agit bien d’une Sharan et d’une Classe G.
Indéfinis :
- Porsche Macan, Audi Q7, BMW X3…
Où est la logique ?
Hormis Land Rover et son Defender, il semblerait qu’il y ait un consensus autour des voitures sportives, des berlines, des citadines… qui semblent ériger le sexe féminin en sexe fort du monde automobile.
–
Crossovers, SUV : voitures transgenres ?
N’ayant pas peur des mots. Posons les questions qui doivent être posées.
Les crossovers et SUV sont-ils/elles des voitures transgenres ?
Tournons la tête vers les plus hauts instances. Les instances créatrices. Les acteurs qui font de l’automobile, une religion polythéiste : les constructeurs.
Qu’en disent-ils ?
BMW cite sa BMW X3.
Volvo écrit la nouvelle XC90
Porsche parle de son Porsche Macan
Audi énumère son Q3, son Q5, son Q7…
Et pour Mercedes c’est le GLE, le GLA (hé oui !), le GLC.
–
Conclusion
Là où les modèles aux architectures de carrosserie traditionnelles comme la berline, le coupé, le break, la familale, le cabriolet ou encore le monospace semblent tous privilégier l’article féminin, les derniers arrivés, comme le crossover et le SUV, eux, se cherchent encore.
Il semblerait donc que oui. Oui, les SUV et Crossovers représentent un nouveau type d’automobile hybride (pas en termes de motorisation, bien sûr). Ils/elles sont entre le 4X4, la familale, la berline et, parfois même, le monospace, quand ils sont vraiment ratés. Ils sont le fruit, la création d’une demande pressante et omniprésente qu’est la recherche perpétuelle de la nouveauté. Un malheureux mélange qui regroupe souvent tous les défauts sous un seul châssis : consommation élevée, incommode en ville, roulis important, confort équivalent, consommables et frais d’entretiens majorés… Donnons-leur quand même, comme seul argument valable, celui de la sécurité.
Tristement, dans le cas de l’automobile, il semblerait qu’être transgenre ne soit pas gage de qualité. Mais que cela n’enlève en aucun cas le droit fondamental de pouvoir parcourir les calamiteuses routes wallonnes. Tous égaux, qu’on soit Renault Kadjar ou BMW M3 E30 Sport Evolution.