A l’aube de la sortie de la nouvelle Toyota GR86 et à la vue des statistiques sur mon article « Toyota GT86 : essai complet (après 6 mois d’utilisation) » qui arbore près de 20 000 vues en plus de booster mon égo, je sentais qu’il fallait que j’apporte un petit update à ce sujet. Car oui, six ans plus tard, je l’ai toujours cette voiture. Et autant dire d’emblée que je serais prêt à re-signer pour six ans si seulement… si seulement justement il n’y avait pas cette GR86.

L’idée ici est de guider d’autres afin qu’ils/elles reproduisent tous les bons moments que j’ai au volant de cette caisse. Happiness only real when shared c’est pas ça qu’il disait le gars dans Into the Wild ? Alors je vais share, je vais évangéliser, je vais donner de ma personne pour vous raconter ce que je vis depuis 6 ans avec cette bagnole.

  • Ai-je rencontrer des problèmes ? Si oui lesquels ?
  • Combien ça coûte au quotidien ?
  • Quid de la campagne de rappel des ressorts de soupapes ?

C’est inévitablement des questions qu’on se pose quand on cherche une GT. Et ici, on y répond.

Carte sur table

Je ne vais pas vous faire perdre votre temps. Si vous voulez le détail, libre à vous de continuer la lecture. Mais en résumé, cette GT… c’est une embelisseuse de trajet. C’est une bagnole qui a une emprise sur vous, qui vous fait faire des trucs que vous ne feriez pas au volant d’une autre. Pas une seule fois je n’ai regretté monter à son bord. Par souvent j’ai fait des détours aberrants pour seulement pouvoir passer un peu plus de temps à la conduire. Allez sur les forums, les groupes Facebook, vous verrez, c’est universel et je ne suis pas le seul : cette bagnole nous contrôle aussi bien qu’on la contrôle en crabe autour d’un rond-point sous la pluie.

Et six ans plus tard, rien n’a changé. C’est dingue quand même. C’est même le plus dingue.
Malgré son manque de puissance et de couple, malgré ses sièges arrières inutiles, ses petits bruits inidentifiables… on lui pardonne tout car elle rend au centuple.

Prenez soin d’elle, elle prendra soin de vous

L’entretien de cette bagnole est d’une simplicité déconcertante.
Au point que même moi, je suis parvenu à le faire pendant 4 ans.

Sur ce moteur FA20, il y a encore un bouchon de vidange et une tige de niveau d’huile.
De l’huile, un filtre, un joint torique, un vieux bout de tissu et une clef dynamo de 14 et vous faites votre vidange.

Prenez un deux litres BM, et il vous faudrait en plus l’aspirateur (homologué BM probablement, sinon ça ne va pas) pour faire sortir l’huile du bloc et la valoche à 2000 boules pour réinitialiser la sonde une fois que c’est fait. Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là ? On va au garage, bah oui. Mais le garage ça coûte des sous.

Par contre, si vous négligez l’entretien, vous le paierez cher.
Toc, toc, c’est le rod knock. Les coussinets de bielles ont envie de voir du pays.
Ce bloc FA20 n’est pas réputé pour sa bonne lubrification. Alors autant mettre toutes les chances de son côté avec un entretien aux petits oignons.

Les vidanges de boîte et de pont sont tout aussi simples, alors pourquoi se priver de ce sentiment viril qui vous enflamme après avoir fait vous-même, comme un vrai homme, l’entretien de votre bagnole ?

On allait pas s’arrêter en si bon chemin : c’est aussi simple pour ce qui est de la purge de liquide de frein (logique…, ça ne change pas des masses d’une autre voiture) mais aussi et surtout pour la vidange de liquide d’embrayage pour lequel le téton est hyper accessible, tout en haut du bloc.

Sinon, j’ai eu ouï dire que la boîte était facile à tomber mais je ne peux pas commenter là-dessus, je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire.

Par contre, quand viendra le temps de changer vos bougies ou vos bobines d’allumage, vous allez chialer. Ben oui, c’est un flat 4… elles sont très difficilement accessibles sans descendre le moteur.

Pour en revenir à l’huile, installer une modine d’huile OEM Subaru qu’on retrouve sur les Subaru Forester n’est pas une mauvaise idée du tout pour faciliter les montées en températures par temps froids (et donc éviter au maximum de rouler avec un moteur froid qui non seulement s’use plus vite par moins bonne lubrification mais aussi pollue plus car les convertisseurs catalytiques ne sont pas à température – pour ce second point, la modine n’y pourra malheureusement rien).

J’oubliais : respectez les montées en température et éviter les surchauffe. Par pitié. Il en va tout simplement de la longévité de votre bagnole. Et de toutes vos bagnoles d’ailleurs…

En 90 000km, en prenant soin de la voiture, le seul soucis que j’ai rencontré est une batterie qui a fuité.
C’est littéralement le seul. Et c’était même pas la batterie d’origine…

Mais pour d’autres, le rêve s’est transformé en cauchemar. La faute à un rappel complètement foiré de la part de Toyota et Subaru.

L’anomalie des ressorts de soupapes

Le chapitre noir de l’histoire de la GT86 c’est cette histoire de rappel concernant les ressort de soupapes des modèles 2012-2013. Une vraie merde. Des centaine de proprios se sont retrouvés piétons après l’avoir fait. La faute à qui ? Au mécano qui déculasse pour changer les ressorts de soupapes. Ou plutôt, celui qui remonte le moteur après le changement.
En effet, ce moteur est assemblé majoritairement avec des joints faits au silicone RTV et non des joints papier ou métal. Le problème, c’est que tirer le trait de silicone au moment du remontage du bloc fait partie des trucs au monde qui sont le plus facile à foirer. Certains mettent trop de silicone au remontage du moteur et une bonne dose se retrouve dans le circuit de lubrification. Résultat : ce silicone finit par obstruer la crépine de la pompe à huile qui ne parvient plus à aspirer d’huile et un moteur sans huile, ça casse.

Mon rappel a été effectué à 55 000 km, j’en totalise aujourd’hui 92 000 km sans aucun soucis particulier. Tout simplement car chez Vanderheyden Fléron, ils n’ont pas eu besoin de déculasser. Problème réglé.

Si vous cherchez une 2012-2013 et que vous voulez vraiment en avoir le coeur net, il n’y a pas 36 solutions : soit il faut démonter le carter, soit faire une analyse d’huile, soit les deux pour être 120% serein.

Le bon point avec ce rappel, c’est que j’ai pû procéder au changement préventif de l’embrayage et des bougies avec 90% de la main d’oeuvre assumée par Toyota. Un peu de bonheur dans le malheur.

Vous devez être fait(e) pour elle, autant qu’elle est faite pour vous

Si vous trouvez votre fun quand vous plantez votre pied sur l’accélérateur en ligne droite, plaqué au fond de votre siège, en écoutant votre boîte DSG balancer une flatulence diarrhéique à chaque passage de rapport alors il est garanti que vous ne trouverez pas votre compte avec la Toyota GT86. Ce n’est pas une bagnole pour vous. A moins d’y coller un turbo. Et encore. Mais autant prendre un deux litres diesel et le cartographier, vous aurez la banane et à moindre frais.

Cette voiture a été faite pour une tranche d’enthousiastes qui sait autant de servir de ses deux mains que de ses deux pieds. Par là, j’entends des personnes qui savent un minimum contrôler un survirage, jouer du talon et de la pointe, de l’embrayage quand il faut, du frein à main quand ils le veulent.

Ce n’est pas condescendant ou hautain de dire ça. La GT86 est faite pour glisser et tortiller de l’arrière, pas pour abattre les records de 0 à 100. Glisser, contre-braquer, contrôler, ajuster, ça demande un poil plus de compétence que de martyriser une pédale de gaz en ligne droite. L’important c’est que tout le monde soit heureux à la fin de la journée que ce soit en GT86 ou en Polo GTi.

Faites-en ce que vous voulez, vraiment

Autant d’un point de vue préparation, que d’un point de vue conduite.

Pour la prépa, les possibilités sont littéralement infinies. A l’heure actuelle, je ne suis pas sûr qu’il y ait une bagnole qui ait autant de pièces aftermarket disponibles. Côté performance, ce que beaucoup de propriétaires font est de remplacer le collecteur d’échappement par un collecteur décatalysé et de coupler ça à une cartographie sur-mesure. Pour le collecteur, vous avez le choix entre un UEL/Unequal Length (longueurs de primaires inégales) pour ce son distinctif Subaru ou EL/Equal Length pour un son plus traditionnel.

En fonction du collecteur et du talent du préparateur, on peut espérer gommer pratiquement totalement le trou de couple à mi-régime et gagner une vingtaine de chevaux en puissance maximale. Mais souvenez-vous, la puissance et le couple maximum sont des données plutôt débiles, hormis peut-être pour une utilisation piste. Il est beaucoup plus intéressant lorsqu’on prépare un daily de travailler toute la courbe de couple/puissance plutôt que sa valeur maximale.

Histoire de petits sous, en fait

Il y a six ans, je commençais mon article en parlant de pognon et plus particulièrement de celui qu’on jette, c’est à dire, celui qui sert à payer des taxes, taxes qui servent à ne pas entretenir le réseau routier, en zo voort.

En somme, voici le coût de ma GT, à l’année, si ça peut en rassurer certains :

  • Taxe de circulation annuelle : 430€
  • Assurances : 1800€ par an (tous risques)
  • Entretien (8000km / 1 an):
    • Le petit entretien chez Toyota : 180€ environ
    • Le gros entretien chez Toyota : 320/350€ environ
    • L’entretien en perso : à toi de voir mais ça me coûte environ 100, 120€ et un aprem pour faire :
      • Vidange d’huile moteur Motul 0w20+ nouveau filtre OEM Toyota
      • Vidange de pont Motul Gear LS 75w90
      • Purge de liquide de freins : Motul RBF
      • Purge de liquide d’embrayage : Motul RBF
      • Filtre habitacle MAHLE
    • A ça, il faut rajouter : disques (tous les 4/5 ans environ pour ma part) et plaquettes (tous les ans / deux ans) 400€,
    • Le filtre d’admission est un K&N à 50€, lavable et réutilisable
  • Accises des enfers sur l’octane 98 : ça, ça n’a pas de prix.

A noter qu’aujourd’hui, ça coûterait deux fois moins cher d’immatriculer une GT86 en Wallonie qu’il y a six ans. La mienne est une 2012, la taxe de mise en circulation est aujourd’hui de 743€ (contre 1734€ lorsque j’ai immatriculé la mienne), le CO2 lui, est toujours à 500€.

Finalement, c’est la simplicité même

A mesure que j’écris, je finis par comprendre. C’est ça : c’est la simplicité de cette voiture qui la rend aussi attachante.

Atmo + propulsion + boîte méca + pont autobloquant = No bullshit.
Quelle autre bagnole en-dessous de 50k€ propose un pont autobloquant de série ?
A ma connaissance, aucune. Hormis peut-être la 370Z.

Ici, pas de turbo, pas de moteur compliqué, pas d’électronique intrusive, pas de fonctionnalités aussi débiles qu’inutiles, pas de tableau de bord incompréhensible, pas d’interface au tout tactile, pas d’autopilot, de start & stop… pas de tout ça, il n’y a même pas d’essuie-glace automatique. Vous faites tout, et mon Dieu que ça fait du bien. Surtout de ne pas être pris pour un assisté. Avec la GT86, Toyota et Subaru nous rappelle que la race humaine sait encore faire quelque chose toute seule.

Alors, certes, ça pêche un peu en puissance/couple. On n’est toujours à vouloir juste un chouya en plus, par grand chose.

Et maintenant ?

What’s next? Autant dire que j’attends impatiemment l’arrivée de la GR86 dans nos concessions (mai 2022). Il semblerait qu’elle tacle tous les petits soucis que la GT86 embarquait et principalement le manque de puissance et de couple avec ce nouveau moteur FA24 de 2.4l de cylindrée, 250Nm (+45Nm) et 235ch (+30ch).

Même si j’ai un peu de mal à me faire à l’arrière, faut reconnaître qu’elle a quand même une sacrée gueule.

Ci-dessous, j’ai trouvé une comparaison entre une Scion FR-S, équivalent BRZ/GT86 (mk1) préparée (collecteur + carto), en trait discontinu, avec une BRZ 2022 (mk2) d’origine, en trait continu (source : StratifiedAuto). Jusqu’à 60Nm de différence à mi-régime, ça laisse rêveur… Wait and see!

La prochaine review, on sait déjà de quoi elle parlerai 😉 !

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