Alors que je m’apprête à dire au revoir à ma première moto, je sens comme le devoir d’écrire quelques mots pour sa postérité. Histoire de graver un peu plus profond encore les bons souvenirs qui me lient à cette bécane si attachante qu’est la Suzuki Van Van 125 (RV125).

CONTEXTE

Ça y est, c’est décidé, c’est cette année que vous vous mettez à la moto. Résultat d’un binge-watching psychopathique de Sons of Anarchy ou d’avoir vu filé un superbe twin dans les rues du centre-ville en vous disant que ça pourrait être vous dessus. Peu importe, c’est cette année que ça va se passer (perso, ça m’a pris 6 ans…).

Après avoir tant repoussé, vous êtes maintenant armé(e) de votre PC, votre tablette ou votre smartphone et entamez les recherches pour trouver la bécane parfaite.
Et quand, de base, on y connait que dalle, le critère de choix, c’est le style.

Il s’agit ici de trouver la bécane qui fait le plus monter votre pression artérielle quand vous swipez frénétiquement photo après photo sur Google Images, Instagram ou Pinterest pour les plus branchouilles.

Entre l’Amérique avec ses Harley préhistoriques, le Japon avec ses trails carrés, l’Italie avec ses pistardes en frigolite, la Russie avec ses side-car aux pneus toujours crevés, l’Inde avec ses motos biodégradables et l’Angleterre avec ses twins qui jouent au mono quand ça leur prend… mmh… comment choisir ?

Surtout lorsqu’on est limité aux 125 ? 

Alors, on cherche, on hésite, on recherche, on rehésite. Mais, dans chaque scénario, viendra inévitablement le clic, le swipe, la redirection, qui mènera aux fameuses copies de twin chinois. Abordables et belles, bingo ! C’est ce qu’il me faut !

Je me souviens avoir vu Mash débarqué en Europe, je dirais en 2012, 2013 et être tombé amoureux de leurs bécanes. Elle était belle la petite chinoise au style british dans sa livrée aux couleurs Gulf (à ne pas sortir de son contexte, svp).

Belle et bestiale comme une Golf avec le pack R, les jantes R, les phares R, la calandre R, l’échappement R, la sellerie R et un moteur un litre deux cartographié à 91 chevaux.

Aujourd’hui, le marché est bien plus peuplé encore ! Entre Mash, Archive, Bullit, Brixton, Zontes… on ne sait plus où donner de l’oeil quand on débarque, tout néophyte qu’on est, dans le segment du deux roues.

Mais, al final, aussi belles qu’elles soient, elles ne font que travestir les codes des british twins 650 en un format 125 hyper accessible. Rien de révolutionnaire, mais ça fonctionne.

Et c’est là déjà, le premier avantage de la Van Van face à la concurrence.

SON CARACTERE

Plutôt que de copier ou s’inspirer à droite à gauche, la Van Van est avant tout la digne héritière de la Suzuki RV 125 des années 70. La Beach Bike au petit moteur et aux gros pneus qui vous emmenait vous et toutes vos conquêtes dans les plages les plus reculées de la Surfin’ California et ça, sans jamais rester coincés. Et inutile de tenter le coup de la panne. Même votre conquête saura reconnaître que c’est une Suzuki et qu’une Suzuki, ça ne tombe pas en panne. Bien essayé, Joe.
Ce qui nous amène sans détour à notre deuxième point.

SA FIABILITÉ

Certes, je n’ai pas fait le tour du monde avec (hé oui en permis B 125 on ne peut pas sortir de Belgique…) mais d’autres l’ont fait (littéralement) et son petit bloc (carbu ou injection selon l’année de fabrication) issu tout droit des années 80 a fait ses preuves tant sur le bitume que dans les dunes. La Van Van est invincible grâce notamment à son kit de premiers soins ultra pratique, logé dans ses entrailles et composé de tous les outils nécessaires pour démonter la bécane de A à Z que vous soyez dans le confort de votre garage climatisé ou perdu(e) au fin fond de la campagne, sans téléphone, avec une chaîne déraillée et une heure de clarté restante pour vous démerder, comme ça a pu m’arriver… Un luxe que les plus grands constructeurs semblent avoir oublié aujourd’hui et dont je ferai les louanges jusqu’à mon dernier souffle.

A ce petit jeu, nos amies chinoises font pâle figure malheureusement. 

De mes amis qui ont pris la route de la soie, tous ont eu des soucis allant du feu arrière qui rend l’âme (150€ même en garantie…) jusqu’à la disparition manifeste d’un boulon de serrage d’amortisseur, petit pépin qui peut vous jeter en-dessous d’un camion en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Vous aurez deux ans de garantie (qui entre nous n’en sont pas vraiment… ce sera au bon vouloir de votre concession) et le temps que la commande des pièces arrive, votre bécane sera sortie de garantie et le PSG aura gagné la LDC.

“You get what you pay for” comme dirait l’autre. Parlant de payer, ça se touche à combien une Van Van aujourd’hui ?

SON PRIX

A l’heure où j’écris ces lignes, sa cote a grimpé et oscille entre 3 000 et 4 000 euros selon l’état et le kilométrage. Soit à mi-chemin entre une moto neuve chinoise et une moto neuve japonaise.

Un autre ami a pris une direction différente en achetant une Yamaha XSR 125, qui débute à 4600€, soit à ce prix là, on a une chinoise pour la semaine et une autre pour le weekend (encore une fois, à ne pas sortir de son contexte, svp). Néanmoins, très chouette bécane, probablement la 125 la plus qualitative à l’heure actuelle, avec beaucoup de style, une partie cycle à la pointe, un moteur moderne et une vraie garantie (qui ne servira probablement à rien quoi qu’il arrive, la qualité étant bien là).

C’est biaisé évidemment que je vais dire que la Van Van est un parfait compromis investissement pour un débutant.

A la revente, une fois votre permis A en poche ou après une première frayeur qui ne vous fera plus jamais remonter sur une moto, je doute que vous y retrouviez vos billes avec une moto chinoise, là ou la Van Van aura conservé sa côte (si pas augmentée) et où la XSR aura un potentiel de revente bien plus attirant.

Calculs, calculs…

Mais avant de penser à la revendre, faut-il déjà prendre du plaisir avec ! 

Et l’avantage avec la moto, c’est que c’est aussi chouette tout seul qu’à plusieurs.

CONCLUSION

En plus d’être attachante, elle est une parfaite ambassadrice de la cause motarde. Sans forcer, elle a réussi à convaincre mes deux meilleurs amis d’en acheter une aussi ! Mais elles sont rares, si bien qu’il a fallu aller une fois à Bruxelles et l’autre fois à Bastogne pour les dénicher.
Je ne peux que recommander cette bécane. Et pas parce que je vends la mienne, à grands regrets. Simplement parce que c’est une moto qui coche toutes les cases.

  • Style ? Yes, même si c’est une question de goûts.
  • Polyvalence ? Yes, elle vous emmènera toujours là où vous voudrez. Elle est renseignée comme “trail” après tout. Avec ses 125kg, en ville, c’est tout simplement le pied.
  • Fiabilité ? Yes, son bloc est éprouvé et sa qualité d’assemblage hors norme.
  • Prix ? Yes, elle ne vous coûtera probablement rien entre l’achat et la revente. Vous pourrez même y gagner.
  • Exclusivité ? Yes, elle se fait de plus en plus rare et sa cote a grimpé depuis l’arrêt de la production en 2019.
  • Personnalité ? Yes ! C’est une base de prépa courante et les pièces customs sont largement disponibles.

“Alors pourquoi tu la vends, gros faisan ?”, vous allez me dire.

  • Maintenant titulaire du permis A, je jouis pleinement du droit de chevaucher de plus grosses cylindrées. Et comme dirait l’autre, “there’s no replacement for displacement”. Ce qui fait que MBAY la Kawa a quelque peu relégué MARL la Suzuk au second plan.
  • Je suis en train de transformer MBAY en grosse MARL. En somme, si la Van Van existait en 650, c’est probablement ça que j’aurais acheté. La revente de MARL me permettra de financer la chirurgie de MBAY et ses nouveaux attributs Scrambler (ligne sur-mesure, pneus trails, suspensions progressives…)
  • En l’état, la Van Van ne procure plus de bons moments à personne. 

C’est un peu comme dans Toy Story, Andy refile ses jouets sans jamais oublier les bons moments qu’il a passé avec ! Il est temps que MARL reprenne du service !  Depuis l’arrivée de la MBAY, MARL se retrouve branchée au secteur dans le garage sans beaucoup de possibilité de voir ni le bitume ni les beaux paysages des bois de Stavelot. Et ça, c’est inadmissible !

Réagissez

Défoulez-vous